Une Vanille malgache menacée d’extinction retrouvée dans la Réserve Naturelle Intégrale Betampona

Une Vanille malgache menacée d’extinction retrouvée dans la Réserve Naturelle Intégrale Betampona

Vanilla atsinananensis, une vanille sans feuille endémique de la côte Est de Madagascar, a été officiellement décrite en 2023. Ses fleurs spectaculaires de près de 15 cm d’envergure sont parmi les plus imposantes de ce genre qui compte actuellement 126 espèces, dont 8 sont présentes à Madagascar. Les scientifiques qui ont décrit cette espèce ont signalé sa présence dans trois localités distinctes de Madagascar et l’ont provisoirement évaluée comme étant « En danger » d’extinction selon les catégories de l’UICN. Son écologie et ses modes de reproduction sont actuellement méconnus et, de manière plus générale, on ne connait que très peu de chose sur les vanilles et leurs interactions avec les pollinisateurs en Afrique et à Madagascar.

Première observation de Vanilla atsinananensis en fleur à la cime d’un arbre dans la Réserve Naturelle Intégrale Betampona

En novembre 2023, un projet financé par le Mohamed bin Zayed Species Conservation Fund a été lancé à Madagascar en vue de mieux conserver cette espèce rare. Il implique différents partenaires dont l’Institut de recherche pour le développement (IRD), le jardin botanique du Missouri (MBG), l’Université d’Antananarivo et l’ONG ADAFAM, à l’origine de la découverte de Vanilla atsinananensis. La première mission réalisée dans le cadre de ce projet a permis de montrer que cette espèce est bien présente dans la Réserve Naturelle Intégrale Betampona, comme l’avait pressenti le Dr Vincent Droissart (IRD), porteur principal du projet. « Il ne subsiste qu’une toute petite partie des forêts de basse altitude sur la côte Est de Madagascar, le reste ayant été majoritairement brûlé et cultivé. La Réserve Naturelle Intégrale Betampona était l’un de nos derniers espoirs de retrouver cette Vanille très rare dans une zone officiellement protégée par l’état Malgache » explique V. Droissart. « Nous espérons que la découverte de cette espèce à Betampona aura le pouvoir de catalyser de nouvelles actions de conservation nécessaires à la survie de cette espèce » ajoute le chercheur.

Sylvain Jose (RNI Betampona) grimpe dans l’arbre pour collecté un échantillon botanique de Vanilla atsinananensis

Echantillon botanique de Vanilla atsinananensis, preuve scientifique de sa présence dans la Réserve Naturelle Intégrale de Betampona. De gauche à droite : Kantoniaina Volana Randriamiarinjatovo (Université d’Antananarivo), Brigitte Ramandimbisoa (MBG Madagascar), Sylvain Jose (RNI Betampona)

En effet, l’équipe du projet a également investigué les autres localités connues à ce jour et la vanille géante ne subsiste malheureusement que dans deux d’entre elles, dont celle découverte lors de cette récente mission! La deuxième localité est la forêt d’Ambodiriana, située près du petit village de Manompana, qui est actuellement gérée et protégée par l’ONG ADAFAM. Bien que cette forêt soit très riche en biodiversité, et notamment en orchidées, elle ne jouit actuellement pas d’un statut de conservation officiel et permanent à Madagascar.

Au cours de la mission, l’équipe de recherche a également pu collecter dans la forêt d’Ambodiriana les premières données sur la pollinisation de cette espèce à l’aide d’un matériel d’escalade et de caméras installées devant les fleurs, à plus de 20 mètres du sol. « Les résultats de cette étude devraient permettre de mieux comprendre les interactions nécessaires à la reproduction de cette vanille et donc de mieux la conserver sur le long terme », précise Kantoniaina Volana Randriamiarinjatovo l’étudiante de master 2 en charge de l’étude sur la biologie de reproduction de Vanilla atsinananensis. Deux autres missions sont envisagées en 2025: l’une pour suivre la dispersion des fruits et des graines et l’autre pour observer un nouveau cycle de floraison.

Installation de caméra sur deux fleurs de Vanilla atsinananensis dans la forêt d’Ambodiriana pour l’identification du pollinisateur. De gauche à droite : Madone (ONG ADAFAM), Kantoniaina Volana Randriamiarinjatovo (Université d’Antananarivo), Vincent Droissart (IRD).